Je m’appelle A. P., j’ai 07 ans et je suis originaire d’Abomey. Je viens d’une famille
monogame de trois enfants. Ma mère est une revendeuse et mon père un plombier. Depuis
mon bas âge, je vivais à Cotonou avec ma mère et ma grand-mère à cause des
agissements de mon père. Ce dernier venait rarement nous rendre visite. Un jour, alors que
ma grand-mère était à une fête à l’église, ma mère a clandestinement ramassé nos affaires
et on a rejoint notre père à Katagon. Dans la maison, personne ne venait nous rendre visite,
ni à ma mère, ni à mon père en dehors de ses quelques rares amis. Nous ne mangeons pas
comme il le faut. À la moindre erreur, mon père ne se retenait pas. Il se jette sur nous et très
souvent, c’est avec un gros bâton, il nous frappe. Ma sœur, qui allait à l’école, a été
déscolarisée. Ma mère ne pouvait plus mener ses activités, car on venait à peine d’arriver
dans le quartier. Un soir aux environs de 16 h alors que ma grande sœur âgée de 10
réclamait le goûter, mon père l’a sérieusement frappé et l’a attaché en haut. Malgré les
supplications de ma mère et du voisinage, difficilement, il a pu la détacher. Le lendemain,
quand ma sœur lui a notifié qu’elle sentait des douleurs au pied, il a chauffé de l’eau et sous
prétexte qu’il veut lui faire un massage le lui a renversé au pied, R. a pleuré toute la nuit.
Deux jours plus tard, elle n’arrivait plus à manger ni à marcher. Papa l’a encore frappé. Elle
est allée aux toilettes en pleure quand des minutes plus tard on entendait plus de ses
gémissements. Maman est donc allée la voir quand elle a remarqué qu’elle avait la tête
baissée et qu’il y avait du sang qui sortait de ses narines et de sa bouche. Quand elle l’a
touché elle était déjà morte. Ma mère a pleuré un peu et papa lui a dit que ça ne fait rien. R.
a été enterré sur notre véranda ce même jour par mon père et un de ses amis en notre
présence. Ma mère pleurait, mais mon père criait sur elle comme il avait l’habitude de le
faire. Il faisait comprendre à ma mère que ses pleurs ne feront pas revenir R. Quelques
jours après le décès de ma sœur les policiers étaient de passage et nous ont conduits au
commissariat de Katagon.
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